À la recherche de Lucie Struye et Thérèse Walwein
Le musée Merghelynck possède deux dessins datant du milieu du XIXe siècle et représentant une scène funéraire dans le cimetière urbain d'Ypres. Le « Souvenir de Thérèse Walwein » date de 1844 et est l'œuvre de François Böhm. Le tombeau de ma chère Lucie » est de son frère Désiré Böhm et date de 1853 ou peu après.
Sur la petite œuvre destinée à commémorer Thérèse Walwein, une femme en robe de deuil noire est agenouillée avec ses trois enfants devant le tombeau. Il s'agit de sa fille Marie Coppieters-Rycx et de ses enfants Henriette, Jules et Gustave Coppieters.
François Böhm : souvenir de Thérèse Walwein, 1844 (Musée Merghelynck)
Épouse d'Emmanuel Ryckx, Thérèse Walwein était décédée en 1816 à l'âge de 40 ans. Sa fille avait alors à peine un an et demi. Outre son appartenance indéniable à l'élite locale, Thérèse Walwein a grandi dans un milieu très attaché à l'art. Ses frères aînés, Joseph Ignace et Charles, ont tous deux étudié l'art à l'Académie d'Ypres et continueront à pratiquer la peinture parallèlement à leurs activités professionnelles. Thérèse avait elle aussi des talents artistiques : le musée Merghelynck possède un magnifique album de 61 dessins qu'elle a réalisés alors qu'elle avait à peine 16 à 18 ans.
Thérèse Walwein : page de titre de son album, un petit paysage daté du 2 septembre 1792, et une chouette fleurie, 10 septembre 1792 (Musée Merghelynck)
Le monument funéraire de Thérèse Walwein peut être situé dans le cimetière urbain d'Ypres. En effet, à l'arrière-plan, on voit une vue de la ville avec, de gauche à droite, les tours de l'église Saint-Pierre, de l'église Saint-Jacques et de la Halle aux draps. Malheureusement, ni cette pierre tombale, ni aucune autre tombe familiale de la famille Walwein, autrefois importante, n'a survécu. Heureusement, son magnifique petit album nous rappelle Thérèse Walwein et son talent exceptionnel.
Désiré Böhm : Le tombeau de ma Chère Lucie, 1853
Il en va tout autrement pour le tombeau de Lucie Struye. On sait très peu de choses sur elle : Lucie, née en 1834 et morte célibataire en novembre 1853, était la fille de Charles Struye, un notable d'Ypres. Son oncle Felix Struye avait siégé au Congrès national au nom d'Ypres en 1830-1.
Felix Struye, oncle de Lucie (Musée d'Ypres)
La mère de Lucie était Charlotte Coppieters, sœur d'Henri Coppieters qui avait épousé Thérèse Walwein. Les trois enfants du dessin de la tombe de Thérèse Walwein sont donc ses cadres. En revanche, la tombe de Lucie Struye au cimetière urbain d'Ypres a été conservée, mais sous une forme différente de celle du dessin et en mauvais état : ce n'est plus une tombe néoclassique avec une colonne brisée symbolisant la jeune vie avortée, mais un bloc austère avec des traces de dommages de guerre. La pierre tombale commémore également sa mère. Dans la tombe voisine, recouverte d'un obélisque, reposent son oncle Henri Coppieters et sa tante Marie Ryckx, fille de Thérèse Walwein.
Engel Van Eeckhout : carte de prière pour Lucie Struye (Musée d'Yper), et la tombe de Lucie Struye aujourd'hui dans le cimetière urbain d'Ypres, avec celle de son oncle et de sa tante à gauche.
Sur le dessin « Le tombeau de ma Chère Lucie », il y a beaucoup plus à découvrir : on peut voir plusieurs pierres tombales néoclassiques, et à l'arrière-plan à gauche, on voit les fortifications d'Ypres avec l'ancienne Porte de Menin, qui sera démolie quelques années plus tard. Derrière, de gauche à droite : l'église Saint-Jacques, le beffroi et l'église Saint-Martin. À l'extrême gauche se trouve une croix calvaire néogothique. Cette même croix qui ornait le cimetière d'Ypres a également été publiée, quoique sous une forme modifiée, sous la forme d'une feuille volante du magazine français Le Moniteur des Architectes, dont un exemplaire se trouve au musée d'Ypres.
La question de savoir qui était Lucie « ma chère Lucie » reste posée : qui était le commanditaire de la gravure ? La dame sur la tombe est-elle sa mère, qui est maintenant enterrée avec elle ? S'agit-il de l'une de ses sœurs, Hélène ou Alix ? Ou bien est-ce quelqu'un d'autre : son père, ou peut-être un fiancé ? En tout cas, c'est quelqu'un qui l'a aimée et qui l'a pleurée.
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